Le dessous des cartes

La perfection n’est pas de ce monde. Comme dans beaucoup de disciplines, le diable se cache dans les détails. Evitez les pièges principaux.

Encourager la RSE...

La grille d’analyse ESG « Environnement – Social – Gouvernance » est la méthode la plus répandue pour analyser la Responsabilité Sociale d’une Entreprise ou d’un Etat. Il s’agit pour le gérant de ne retenir que les entités présentant les meilleures notes sur les critères extra-financiers retenus. Les acteurs les moins responsables seraient ainsi retirés de l'univers investissable.

à condition d'être sélectif !

Attention : la qualité de la démarche et le réel niveau d’exigence ne sont en rien garantis par l’utilisation des termes ISR ou ESG dans l’intitulé d’un placement. De même, revendiquer un label est encore bien souvent insuffisant. Le niveau de sélection doit notament être apprécié au regard de la qualité de la population globale étudiée.

Respecter l'Homme,

Il s’agit d’écarter les activités entrainant un comportement addictif et ou portant atteinte à l’intégrité physique des personnes et de l’Homme (tabac, alcool, pornographie, jeux d’argent et armement sont généralement exclus des fonds utilisant cette technique). Certains secteurs controversés, comme les industries polluantes ou liées aux énergies fossiles font aussi l'objet d'une vigilance particulière, ainsi que les industries fondées sur la manipulation du vivant.

mais pas faire semblant.

Les grandes entreprises contrôlent souvent plusieurs filiales dont il est compliqué d'identifier, de ramification en ramification, l'origine du chiffre d'affaires. Nous estimons que le seuil crédible d'exclusion d'une société est de 5% du chiffres d'affaires réalisé dans un secteur controversé. 10%, seuil souvent indiqué par certains gérants, semble trop peu engagé et vise parfois à "tolérer" certains investissements controversés, tout en laissant penser à une véritable politique d'exclusion.

Se concentrer sur un thème

Certains placements sont construits autour d’une problématique identifiée, qui peut justement être un enjeu important à la fois pour l’environnement et la société : l’eau, le bois, les énergies renouvelables, la création d’emplois ou le dialogue social. En fonction de leurs orientations, ils favorisent un secteur, surpondèrent certains critères ESG et peuvent intégrer une partie solidaire avec un objectif bien précis.

sans aveuglement.

Si les fonds thématiques sectoriels permettent d'éviter très simplement la plupart du temps le financement d'industries controversées ou "à éviter", là aussi le gérant ne doit pas s'exempter d'une véritable analyse ESG des entreprises qui composent le portefeuille. Par exemple, les secteurs de l'agronomie ou de la pharmacie recèlent des acteurs coutumiers du scandale, tant sur le plan de l'éthique des affaires que sur le plan environnemental.

Pour défendre les plus faibles,

Ce critère indique que le fonds favorise le financement de projets entrepreneuriaux caritatifs et sociaux. Sans lui, ces derniers auraient des difficultés, à travers un circuit classique, à bénéficier de financements sur la base de leur simple rentabilité financière. Ces projets regroupent les problématiques liées à la réinsertion professionnelle, à l’accès au logement, à l’humanisation de la dépendance, mais aussi au commerce équitable et au développement d’une nouvelle agriculture plus respectueuse de la nature.

chaque euro compte.

Les fonds solidaires accessibles au grand publique ne contiennent généralement pas plus de 10% de financement "solidaire" à proprement parler. C'est déjà très bien ! Les fonds 100% solidaires sont souvent réservés aux investisseurs professionnels avertis (consultez nous dans tous les cas). Attention ensuite à ce que les 90% restant soient, eux, soumis à une méthodologie exigeante. Ce n'est pas toujours le cas, quand bien même le fonds serait labélisé solidaire !

Gouverner avec des experts

Les placements financiers sont encadrés par des comités de pilotage ou des conseils d'administration. Nous apprécions que des personnalités externes à la société de gestion y siègent, afin qu'elles apportent leurs compétences sur des sujets spécialisés. Par ailleurs, pour éviter les conflits d'intérêt, nous plébiscitons la séparation au sein de la société de gestion des fonctions d'analyse extra-financière et d'analyse financière, évitant qu'elles ne se trouvent cumulées chez la même personne.

qui en sont vraiment.

La présence d'une personnalité dans un comité de pilotage d'un produit financier peut être utilisée comme un argument publicitaire... ou pour son carnet d'adresse. C'est inévitable. Encore faut-il que cette personnalité soit compétente à ce poste ; il arrive souvent qu'elle ne dispose pas des qualités lui permettant de défendre un point de vue dans un comité de pilotage et de déceler de mauvaises pratiques par ailleurs. Elle les cautionne donc malgré elle ; sa participation n'est donc pas toujours un gage de qualité.

Donner ou partager

Avec un placement " à mécénat", c'est une partie des frais de gestion du placement qui sont routés vers une association. Avec un placement financier « de partage », une partie préalablement définie du rendement de ce dernier est directement alloué à une cause connue d’avance : une ONG ou une communauté religieuse par exemple. Certains fonds flèchent ainsi jusqu’à 50% ou 70% du rendement de votre placement, ce qui en fait des placements très engagés, quand il y a du rendement.

mais de la part de qui ?

Pour le mécénat, se pose la question de savoir si les frais du placement ont été augmentés pour permettre ce "don", ou si la société de gestion fait aussi un effort pour participer. Par ailleurs, cette redistribution provoque-t-elle un effet d'éviction vis à vis des autres associations qui bénéficiaient avant de ce budget ? Il peut y avoir quelques "arbitrages" fiscaux. Enfin, un placement de partage ou à mécénat ne signifie pas que l’épargne déposée respecte les critères ESG ou finance l’Economie Sociale et Solidaire.